témoignage sur le P. Brémont - Abbaye Notre-Dame Langonnet

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témoignage sur le P. Brémont

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(Lettre du père Fritz Siegers de la communauté de Broich en Allemagne) Quelques traits biographiques de la vie du P.Gernnain Bremont.
C'est pour moi un grand honneur et une dette de reconnaissance, de retracer avec le plus de fidélité possible la vie de notre confrère Germano à mes confrères spiritains et cela d'autant plus, que j'ai eu la joie d'être à ses côtés pour quelques années. Le père Germain (Germain Bremont) venait au Brésil en 1979. Comme docteur en théologien, il habitait de 1980 jusqu'à 1984 dans notre maison d'étude à Sao Paulo comme accompagnateur et professeur de nos étudiants spiritains.
Quant à son temps d'enfance et de jeunesse, j'ai appris de mes confrères qu'il venait de l'île de Maurice, et plus précisément des couches les moins aisées de la population. De petite taille, fluet, et de couleur plutôt métissé, comme un « moreno », il passait très bien auprès de toutes les populations du Brésil. Il parlait brésilien avec de fortes intonations françaises, toujours avec un large sourire au visage. Sa première affectation missionnaire avait été au Congo-Brazaville. Ce n'est qu'en 1984 que Germain venait nous rejoindre dans notre région de la mission de l'Alto-Jurua, dans le fin fond de l'Amazonie.
Comme il était clair en ces temps-là que peu de jeunes ne nous viendraient encore de l'Europe, les évêques de ces régions de mission éloignés se sont mis à fonder leurs propres séminaires pour la formation des jeunes à la prêtrise dans leur église locale. Ainsi un petit séminaire avait été construit à Cruzeiro do Sul en 1982. Deux ans plus tard un grand séminaire. Le père Germain venait de Sao Paulo pour insuffler la vie à ce projet. A cette occasion, nous apprenions à mieux nous connaître, et nous sommes devenus de grands amis. Ceux qui ne le connaissaient pas vraiment, le trouvaient sympathique, simple, abordable, mais jamais ne pouvaient ni découvrir ni imaginer qui il était vraiment. Je ne voudrais pas exagérer, mais Germano était un puits de science avec des connaissances générales les plus variées dans toutes les disciplines possibles et imaginables, ne parlons pas de philosophe et théologie où il excellait : c'était un vrai génie ! Mais ne pouvait découvrir cela que celui qui avait étudié avec lui ou, comme c'était mon cas, qui avait pu lui prêter main forte dans sa tâche. Comme le Grand Séminaire venait d'ouvrir ses portes, il prit en main l'ensemble des enseignements. Il organisa ensuite les trois premières années de philosophie et dans la foulé les trois années de théologies pour compléter l'ensemble du parcours.

J'avais déjà plus de 20 ans de vie missionnaire derrière moi, quand il s'adressait à moi pour l'aider à donner certains enseignements. Bien que, comme fa plupart des confrères, je n'avais pas de formation théologique particulière, mais je n'étais pas moins enthousiasmé par l'idée de la création d'une église locale. Le P.Libermann n'avait-il pas invité ses premiers missionnaires à contribuer de toutes leurs forces dès le début à fonder l'église focale avant tout ! Pour moi l'offre de Germain était l'occasion rêvée pour coopérer à cet objectif. Comme j'avais été ordonné encore avant le concile, je n'avais que très peu de connaissance en théologie moderne. Mais le père Germano n'a pas hésité à engager beaucoup de collaborateurs dans ce projet de première importance ; il savait gagner les confrères à cette noble cause en leur faisant tout simplement confiance. Il m'aida en cela à rafraichir mes acquis en théologie et enrichissait par là considérablement mon travail pastoral. Mais ce qu'il a réussi avant tout, ce fût de m'aider par le biais de la formation à enthousiasmer de jeunes gens à la réalisation concrète du Royaume de Dieu. Il ne cessait de me répéter: nous devons donner à nos candidats à la prêtrise la joie de prêcher la bonté et miséricorde de Dieu aux personnes et de fa vivre avec eux. Sa vision théologique était traditionnelle mais critique, cherchant à intégrer toujours de nouvelles idées. Il a réussi à m'animer dans les matières les plus diverses possibles: la missiologie, l'histoire générale de l'Eglise, l'histoire de l'Eglise brésilienne, les nouveaux développements de la théologie de la libération, la théologie sacramentaire générale et spéciale. Germain était compétent dans toutes ces disciplines aussi bien que dans les petites questions de détails. Je pouvais Lui demander des éclaircissements quant à mes incertitudes dans l'exégèse, dans la dogmatique ou la morale. Germain pouvait répondre spontanément à toutes ces interrogations. En somme : Germain était un scientifique et chercheur de la plus haute compétence, avec une très grande orientation pour la pratique. Un côté insoupçonné pour qui ne le connaissait pas de près. Dans tout cela, son point d'honneur, était de fêter l'eucharistie en fin de semaine dans les petites communautés de ville ainsi que dans les communautés de la proche campagne.
Mais de grands esprits ont aussi le droit d'être bizarres et extravagants. Son habillement était d'un ordre mineur tant que cela lui allait. La même chose valait aussi pour le repas, l'important était d'être rassasié. Son passe-temps était de lire des policiers et des westerns ou alors de les voir à la télé ou au cinéma. Il buvait volontiers un Whisky avant les repas, maïs toujours avec modération et calme. Là ou il ne tergiversait pas par contre ce fut dans la vie concrète des conseils évangéliques : être

religieux était le tout de sa vie ! Pauvreté et obéissance n'étaient pas seulement vécues en esprit, mais avant tout aussi dans la pratique! Pendant les neuf ans où j'ai été le supérieur du groupe spiritain, Germain n'entreprenait jamais quoi que ce soit sans m'en aviser auparavant. Tout se vivait dans le dialogue. Il ne voulait pas avoir d'argent personnel. Plusieurs fois je l'invitais à avoir au moins un peu d'argent de poche. Pour lui cela allait contre les règles de la vie communautaire. Docilité et pauvreté étaient les lignes maitresses de sa vie. Pudeur et chasteté comme état de vie n'était pas un sujet de discussion pour lui. Son exactitude quant à ces choses pouvait même parfois indisposer certains confrères. Aussi, je n'ai jamais vu Germain en colère ou fâché. On ne pouvait pas non plus l'être à son égard il était un homme de cœur. Je regrette malheureusement de ne pas avoir pu aider Germain dans son indigence et dans sa dépendance actuelle. Peut-être est-il aussi un grand inconnu dans la maison des anciens à Langonnet, car il ne témoignait que peu de ce qu'il avait été amené à vivre. Mais de tout cœur, je tiens encore à le remercier ce que nous avons pu vivre ensemble.
Je demande simplement à mes confrères de la communauté de Langonnet de lui dire que ses frères, qu'il connaissait au Brésil, pensent à lui et prient pour lui afin qu'il voit bientôt ce qu'il a porté et proclamé dans sa foi. Grâce à lui, j'ai pu donner la plus importante orientation à mes activités missionnaires, à savoir être actif dans la fondation d'une l'église locale. Malheureusement, cela ne lui a jamais été dit aussi explicitement combien sa vie et son travail étaient important pour notre mission dans la région amazonienne. Certes, se sont les Spiritains allemands qui ont contribué à construire l'église locale ici dans l'Alto Jurua, remplissant ainsi l'objectif de l'action missionnaire de l'Eglise universelle. Mais cette action spiritaine menée à son terme, nous le devons à l'humble et discret travail du père Germain Brémont à nos côtés. Voila d'ailleurs ce qui devrait être écrit sur sa pierre tombale: Ici gît en paix celui qui a amené à son terme l'engagement des Spiritains et la construction de l'Eglise locale de l'Alto Jurua: le Père Germain Brémont !
Merci de m'avoir permis d'écrire ces quelques mots sur le service rendu par le père Germain Brémont. Oui le père Germain était un vrai spiritain il a su rendre service dans la bienveillance sans faire de grand bruit.
Fraternellement,
Votre confrère Frédéric° Siegers (Communauté de Broich en Allemagne)

 
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